Les grains de pollen sont fabuleux. Si, si, je vous assure. Bon, d’accord, certains sont responsables d’allergies pour le moins désagréables, mais ils ne sont pas si nombreux que cela. La plupart sont innoffensifs…
Pour ne rien gâcher, les grains de pollen sont vraiment ravissants. La preuve ? Voici un merveilleux grain, un peu épineux sur les bords, juste ce qu’il faut pour ne pas paraitre plat, anodin, passe-partout. Et pourtant, ils le sont bien, passepartouts. Ce grain de pollen là, il vient d’une ravissante plante, Commelina communis, une échappée des jardins qui s’est acclimatée en Pennsylvanie et colonise ca et là le macadam urbain, écarquillant une fleur bleue me rappelant à la fois le roman éponyme de Queneau et celui qui traine la douce odeur des terrains vagues, Le Chiendent.
Mais revenons-en à nos grains de pollen. Le pollen est quasiment un gamète, l’analogue végétal des spermatozoïdes. Au détail près qu’il s’agit d’un organisme à part entière, digne représentant de la génération gamétophytique haploïde dont le rôle est précisément de produire les gamètes, chez les plantes. Las, les chemins tortueux de l’évolution ont décidé de la spécialiser au point que cette génération est aujourd’hui limitée chez les plantes à fleurs à une structure le plus souvent unicellulaire, avec un noyau délégué à s’occuper des deux uniques gamètes, réduits à deux noyaux sagement empaquetés attendant d’être livrés à l’ovule d’une plante. Tout comme les gamètes males, le pollen est produit en quantités astronomiques, et c’est bien la son principal souci. Evidemment, il s’agit d’être en nombre suffisant pour parvenir à féconder les ovules mis à disposition par les fleurs, et une bonne partie s’égaille dés l’envol, finit sur les pattes ou bien dans l’estomac des pollinisateurs, ou encore termine empêtré sur le stigmate d’une fleur d’une autre espèce…
Soyons honnêtes, une bonne partie arrive cependant à bon port, et cela fait d’ailleurs l’objet de ce post. Cependant, il ne faut pas rater l’atterrissage. Sur le stigmate d’une fleur réceptive, seul le sommet se prête à la conquête, enduit d’une douce glue adhésive. Le reste du stigmate tombe abruptement, dévoilant une paroi cellulosique presqu’impénétrable, et glissante qui plus est…
Ces deux grains de pollen n’ont pas eu la chance de s’arrimer à leur objectif premier, et la chute s’ensuit inexorablement.
Et là, hélas! Le grain de pollen n’est pas au bout de ses peines. Il a à peine le temps de se remettre du voyage, juste celui d’une trêve désaltérante ou il doit se gorger d’humidité…
Le réveil peut être douloureux, car au bout du voyage en effet, il n’est jamais bien seul. D’ores et déjà, ses frères d’autrefois se transforment en concurrents acharnés. La course commence ! Il s’agit de germer, et vite. Il s’agit d’aller féconder les ovules sur cet hôte. Il s’agit d’arriver le premier. Chez Commelina communis, chaque fleur offre jusqu’à quatre ovules. C’est bien faible, si l’on en croit le recensement des concurrents en lice sur ce stigmate : pas moins d’une cinquantaine ! Et cette situation n’a rien d’exceptionnel, pour une plante. (Mais peut-être est-ce la plutôt une situation clémente, doit-on vous rappeler que dans la course qui vous a donné naissance, les candidats à l’aventure se comptaient par millions… Comme le disait si bien Coluche, « dans les moments de déprime, souviens toi qu’un jour tu as été le plus rapide de tous les spermatozoïdes ! »).
C’est ainsi que les grains de pollen les plus chanceux entrent dans une compétition forcenée pour délivrer les gamètes à bon port. Il s’agit de germer. Dans l’urgence. Une fois réhydratés, le pollen germe illico, et le tube pollinique qui en émerge s’enfonce dans les profondeurs du stigmate au plus vite. Souvent d’ailleurs, ceux qui sont arrivés trop tard dans la course voient le passage bloqué par leurs prédécesseurs. L’effort métabolique est intense, la vitesse de croissance des tubes polliniques conduisant les gamètes au but est de l’ordre de quelques millimètres à l’heure. Le temps est précieux, surtout quand l’enjeu est la paternité des graines…
Rapidement, le grain de pollen a vidé ses réserves, il n’en reste que la paroi externe, une coquille vidée dans l’effort.
Celui-là a probablement une chance, il est bien placé et n’a pas trop de concurrents immédiats. On devine le tube pollinique parti à la recherche du Graal.
Quant à celui-ci, si l’on ignore quelle en fut l’issue, c’est l’histoire d’un miraculé : ayant glissé le long du stigmate, l’espoir était vain. Mais il suffit parfois à redresser le cours des événements, car ce grain a quand même réussit l’exploit de germer a travers les parois et de rejoindre la course.
Peut être même l’occasion de profiter d’un raccourci, périlleux mais tout à son avantage –quelques millimètres de gagnés sur les autres concurrents peuvent parfois changer le cours de l’histoire…
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mercie pour tous votre documents.
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