Les naturalistes avisés auront peut-être déjà remarqué que certaines fleurs ont la particularité d’être chaudes. Il faut déjà être plus qu’un botaniste en herbe pour circonscrire plus spécifiquement le phénomène: il s’agit bien de thermogénèse végétale, et en particulier florale, mais on ne la retrouve que chez des espèces relativement basales: bien évidemment chez les arums (Araceae), un peu moins connu chez les Magnolias mais également comme je fus surpris en lisant cette étude (1), chez les nénuphars (Nympheaceae) et les lotus (Nelumbonaceae). La thermogénèse des fleurs est caractéristique d’un syndrome de pollinisation où les coléoptères sont prédominants.
L’article en question décrit ce phénomène chez cette espèce terrible que vous connaissez certainement déjà, même sans jamais avoir fait de botanique: Victoria amazonica. Il s’agit d’un nénuphar exotique que je m’empresse de vous illustrer ici même, avec des feuilles immenses, et qui pousse dans le bassin amazonien, ou bien encore dans le bassin d’une serre tropicale d’un jardin botanique.
A priori, la raison de ces souffles métaboliques, qui enflamment temporairement les fleurs de ces espèces, est que cela permet aux fleurs de diffuser plus efficacement leur parfum dans l’atmosphère refroidissante du crépuscule. Cependant, ce nénuphar gigantesque possède la particularité que ses fleurs ont constamment une température nocturne supérieure au milieu ambiant, au moins d’environ cinq degrés Celsius, tandis que toutes les espèces chez qui le phénomène était déjà décrit n’ont d’épisodes de chaleur qu’en début de soirée, au moment ou il s’agit bien d’attirer les pollinisateurs a soi.
Et bien il semblerait que cette particularité soit en fait une récompense supplémentaire faite a ces fameux pollinisateurs: la température plus élevées dans la loge florale leur permet de conserver une pleine activité, que ce soit une longue lune de miel ou un festin aux frais de l’hôte: en effet, le pollinisateur en question étant un “vulgaire” coléoptère (du Genre Cyclocephala, celui illustre ci contre est peut même la principale espèce pollinisant V. amazonica et qui porte le nom de C. hardyi), le prix a payer est assez lourd puisque les scarabées sont en général avides de pollen, et avant d’en transporter vers une autre fleur, il en grignote un bon magot.
Bon, cet élan généreux, ou tout au moins chaleureux ne dure pas éternellement, car les fleurs de cette espèces ne vivent que l’espace de deux jours: une première soirée en phase femelle pour recevoir ses convives charges du pollen de leur précédente fête, une deuxième soirée en phase male pour disperser le sien… A-t-on vu plante plus attentionnée?
(1) Seymour, R S, and Matthews P G D, 2006. The Role of Thermogenesis in the Pollination Biology of the Amazon Water lily Victoria amazonica. Annals of Botany 98: 1129-1135.
Crédit photographique:
Feuilles http://www.flickr.com/people/ligia/
Fleur http://www.flickr.com/people/mauricem/
Pollinisateur http://www.flickr.com/people/junglenews/
[…] moment où cette garde n’est plus utile du tout, et qu’il vaut mieux aller casser la croûte… Certains ne l’aime pas chaud! […]
[…] Certains le sont plus ou moins efficacement: les coléoptères par exemple, sont en général assez peu portés par ce commerce et préfèrent le brouter directement. Cela en fait d’assez piètres pollinisateurs, mais certaines plantes s’en contentent parfaitement. […]